Définition
La prothèse totale de hanche (PTH) ou Arthroplastie de hanche est une intervention qui consiste à remplacer les parties abîmées de l’articulation de la hanche. Les causes du problème sont diverses : le plus souvent c’est une arthrose liée à l’âge mais parfois c’est une ostéonécrose, une dysplasie, une arthrite ou des séquelles post-traumatiques. Tout cela peut mener à une usure plus ou moins rapide du cartilage de l’articulation, souvent associée à des douleurs, un enraidissement et des difficultés à la marche et la mobilisation. Lorsque le handicap est significatif et que la radiographie confirme une arthrose évoluée, il est possible de remplacer l’articulation par une prothèse. La prothèse est un implant artificiel, en métal, céramique ou polyéthylène comportant une « tige » fémorale, une pièce « cotyloïdienne » et une « tête ». Elle est fixée avec ou sans « ciment » (colle acrylique spéciale). Elle permet la plupart du temps un retour à une vie normale, sans douleurs significatives. Les techniques mini-invasives actuelles réduisent très fortement le risque de déboîtement de la prothèse et autorisent la marche quelques heures après l’opération (programme RAC).
Quand doit-on être opéré ?
Les critères de décision en vue de l’opération de PTH sont principalement : l’importance de la gêne et du handicap au quotidien. La boiterie, l’utilisation d’une canne, de la rampe d’escaliers, la prise régulière d’antidouleurs, la limitation de la distance parcourue sont autant de critères qui interviennent dans la prise de décision (voir score PMA dans l’onglet téléchargements). Si les critères ne sont pas réunis, le chirurgien vous proposera la poursuite d’un traitement médical (canne, physiothérapie, kinésithérapie, antalgiques, antiinflammatoires, cure thermale, infiltration). Dans certains cas il est nécessaire de réaliser d’autres examens (scanner, IRM) pour préciser le diagnostic (bilan rachis, ostéonécrose débutante).
Le remplacement de l’articulation par une prothèse a pour but de soulager les douleurs, de redonner la mobilité et l’autonomie au patient. Les techniques actuelles permettent de réaliser cetteintervention lors d’une courte hospitalisation de 12 à 48h en association avec les programmes de réhabilitation précoce. La PTH reste une intervention importante (remplacement d’une articulation profonde) et il convient d’être bien informé des bénéfices attendus et des risques liés à l’intervention ainsi qu’aux facteurs spécifiques propres au patient (comorbidités).
Il est conseillé avant l’opération de consulter son médecin traitant et si nécessaire son cardiologue pour s’assurer de l’absence de contre-indication à l’opération, ou de la présence de facteurs de risque importants. Parfois le chirurgien prescrit un programme rééducatif préopératoire dans un but d’assouplissement, de renforcement musculaire et de préparation à l’intervention. Il est fortement recommandé de s’arrêter définitivement de fumer 6 semaines avant l’intervention, de réduire la consommation d’alcool et d’antalgiques. Les antiinflammatoires seront arrêtés au moins 10 jours avant l’intervention (risque de saignement). Une nourriture saine et équilibrée aidera votre organisme à se préparer à la chirurgie. Si vous êtes en surpoids, un programme de contrôle pondéral (éventuellement avec l’aide du kiné et d’une diététicienne) dans les mois qui précèdent l’opération sera tout-à-fait bénéfique. Vous verrez l’anesthésiste en consultation quelques semaines avant l’intervention. Il vous donnera les consignes concernant l’ajustement de votre traitement habituel si nécessaire (anticoagulants, antidiabétiques, antihypertenseurs).
La technique chirurgicale consiste à remplacer les surfaces articulaires abîmées. Le chirurgien s’astreint à préserver au maximum les muscles et l’os sain. Il enlève la tête fémorale (qui peut être récupérée avec votre accord pour être transformée en greffe osseuse pouvant servir à d’autres patients = don de tête fémorale. Votre chirurgien vous en parlera avant l’intervention), prépare la cavité fémorale pour recevoir la « tige fémorale » de taille adaptée. Cette tige peut être fixée avec ou sans ciment selon le modèle de prothèse et la qualité de l’os. La cavité osseuse du bassin (cotyle) est nettoyée à l’aide de fraises semi-circulaires de taille croissante, pour pouvoir accueillir « l’implant cotyloïdien », à nouveau avec ou sans ciment. Entre le fémur et le cotyle sera placé le « couple de frottement », métal ou céramique sur polyéthylène ou encore céramique sur céramique, selon les spécificités et l’âge du patient. Le fémur est ensuite ré-emboîté dans le cotyle, la plaie est suturée et le patient regagne sa chambre après un passage en salle de surveillance post-interventionnelle.
Dès le retour en chambre (programme RAC), l’infirmière s’assure que les douleurs sont modérées, elle ôte la perfusion (selon consignes médicales) et vous propose un repas léger idéalement pris au fauteuil. Ceci permet de reprendre des forces afin de pouvoir se lever et marcher dans la chambre dans les meilleurs délais. Le kinésithérapeute vient ensuite vous voir afin de débuter la reprise de la marche avec des aides techniques. L‘objectif à J0 est de se rendre dans la salle de bains seul(e) et éventuellement dans le couloir. L’infirmière vient s’enquérir régulièrement de votre ressenti (douleurs, confort, installation, transit). Le chirurgien passe vous voir en fin d’après-midi. L’application régulière de vessie de glace sur la hanche et la cuisse est vivement recommandée.
Le retour à domicile est possible dès que les douleurs ont régressé et que l’autonomie est suffisante. Cela peut être le soir de l’intervention ou le lendemain. Dans certains cas on privilégiera une courte convalescence en Centre de Soins.
La kinésithérapie n’est habituellement pas nécessaire à domicile après une PTH.
Les soins de plaie seront poursuivis jusqu’à ablation des fils/agrafes vers le 12ème jour. Le traitement préventif des phlébites sera poursuivi 30 jours. Les bas de contention ne seront maintenus que si vous avez des facteurs de risque particuliers. La glace localement est vivement recommandée jusqu’à résorption des hématomes.
Les traitement habituels seront repris selon les consignes des anesthésistes (anticoagulants, antidiabétiques, antihypertenseurs)
Les activités dans la vie de tous les jours sont autorisées sans restriction en fonction du ressenti douloureux. Il n’y a pas de précautions particulières à prendre (coussin, cannes, canapés ou sièges bas) si vous avez bénéficié d’une chirurgie mini-invasive. Les cannes pourront être abandonnées selon votre ressenti. Vous resterez prudent(e) afin d’éviter les chutes (chaussures, tapis, sols glissants, marches).
Les complications sont peu fréquentes et favorisées par les comorbidités du patient : obésité, diabète, traitements anticoagulants ou immunosuppresseurs, chirurgies précédentes, tabagisme et addictions… On citera de manière non exhaustive : saignements peropératoires, hématomes postopératoires, fissures ou fractures, lésions musculaires ou nerveuses, infections, différences de longueur, luxations, descellements, problèmes de cicatrisation… Toutes les mesures sont prises avant, pendant et après l’intervention pour réduire au maximum le risque de complications et bien sûr pour les traiter précocement en cas de survenue. La collaboration attentive du patient et de son entourage sont indispensables afin de minimiser au mieux ce risque.
L’objectif est de redonner au patient une hanche mobile et non douloureuse, lui permettant de reprendre les activités de la vie quotidienne avec le moins de restrictions possibles. Certains facteurs dépendent du patient (durée des symptômes, enraidissements préopératoires, rétractions tendineuses, douleurs associées : rachis, genoux…), d’autres de particularités locales ou de difficultés techniques.
Globalement l’objectif est de retrouver un périmètre de marche non limité, la pratique aisée des escaliers, s’asseoir et se relever sans difficultés, conduire ou être passager d’un véhicule automobile. Chez les patients jeunes, le projet professionnel est discuté avant l’intervention.
La durée de vie attendue des prothèses de dernière génération est de 25 à 30 ans.
Certaines précautions seront à prendre concernant les activités avec forts impacts ou à risque élevé de chute.
Certains sports loisir pourront être repris sans restrictions particulières (marche, randonnée, piscine, vélo, golf, ski de fond, gymnastique douce, yoga, etc…). D’autre seront à évaluer avec le chirurgien. On attendra souvent 3 mois avant la reprise du sport.
Les rapports sexuels peuvent être repris dès que les douleurs l’autorisent. Il n’y a pas de restriction particulière dans les positions de la hanche. La flexion de la hanche peut être limitée et douloureuse pendant quelques temps.
La PTH nécessite un suivi régulier : un contrôle chez le chirurgien à la sixième semaine et au troisième mois puis une radiographie simple tous les 2 ou 3 ans. Au moindre problème, consulter le chirurgien sans tarder. On sera particulièrement attentif à la prothèse en cas d’infection sévère avec fièvre, quelle que soit sa localisation. L’apparition d’une douleur ou d’une modification de la cicatrice (rougeur, écoulement) même à distance de l’intervention, justifiera une consultation rapide chez le chirurgien.