Définition
La prothèse partielle du genou (PUC) ou Arthroplastie partielle de genou est une intervention qui consiste à remplacer les parties abîmées (et uniquement les parties abîmées) de l’articulation du genou. La PUC n’est pas une « demi prothèse de genou » et ne se substitue pas à la prothèse totale (PTG), c’est une opération différente qui sera proposée au patient selon des critères de sélection précis. La plupart du temps l’arthrose du genou ne touche qu’un seul des trois « compartiments » du genou : dans 85% des cas il s’agit de l’interligne fémoro-tibial interne, dans 10% de l’interligne externe et dans 5% de la rotule.L’usure du cartilage constitue l’arthrose et peut être associée à des douleurs, une déformation, une instabilité, des gonflements, des dérobements, des blocages, un enraidissement et des difficultés à la marche et la mobilisation. Lorsque le handicap est significatif et que la radiographie confirme une arthrose évoluée, il est possible de remplacer la partie usée de l’articulation par une prothèse partielle (dite « uni-compartimentale »). La prothèse est un implant artificiel, en métal et polyéthylène comportant une « embase tibiale », une pièce fémorale courbe et un « insert en polyéthylène » qui sert de surface de glissement. Elle est fixée avec ou sans « ciment » (colle acrylique spéciale). Elle permet la plupart du temps un retour à une vie normale, sans douleurs significatives. L’intérêt de la prothèse partielle est de respecter les parties du genou en bon état, y compris les ligaments croisés, ce qui donne un ressenti plus naturel du genou opéré et une récupération plus rapide (programme RAC).
Quand doit-on être opéré ?
Les critères de décision en vue de l’opération sont principalement : l’importance de la gêne et du handicap au quotidien. La boiterie, l’utilisation d’une canne, de la rampe d’escaliers, la prise régulière d’antidouleurs, la limitation de la distance parcourue sont autant de critères qui interviennent dans la prise de décision (voir score IKDC dans l’onglet téléchargements). Si les critères ne sont pas réunis, le chirurgien vous proposera la poursuite d’un traitement médical (canne, physiothérapie, kinésithérapie, antalgiques, antiinflammatoires, thermale, visco-supplémentation). L’IRM n’est pas indispensable en cas d’arthrose évoluée, de simples radiographies en charge suffisent la plupart du temps. Parfois le chirurgien fera réaliser une radiographie « en stress » du genou pour mieux objectiver l’usure et l’état des ligaments.
Le remplacement de l’articulation par une prothèse a pour but de soulager les douleurs, de redonner la mobilité et l’autonomie au patient. Les techniques actuelles permettent de réaliser cetteintervention lors d’une courte hospitalisation de 12 à 48h en association avec les programmes de réhabilitation précoce. La PUC reste une intervention importante (remplacement d’une articulation profonde) et il convient d’être bien informé des bénéfices attendus et des risques liés à l’intervention ainsi qu’aux facteurs spécifiques propres au patient (comorbidités).
Il est conseillé avant l’opération de consulter son médecin traitant et si nécessaire son cardiologue pour s’assurer de l’absence de contre-indication à l’opération, ou de la présence de facteurs de risque importants. Parfois le chirurgien prescrit un programme rééducatif préopératoire dans un but d’assouplissement, de renforcement musculaire et de préparation à l’intervention. Il est fortement recommandé de s’arrêter définitivement de fumer 6 semaines avant l’intervention, de réduire la consommation d’alcool et d’antalgiques. Les antiinflammatoires seront arrêtés au moins 10 jours avant l’intervention (risque de saignement). Une nourriture saine et équilibrée aidera votre organisme à se préparer à la chirurgie. Si vous êtes en surpoids, un programme de contrôle pondéral (éventuellement avec l’aide du kiné et d’une diététicienne) dans les mois qui précèdent l’opération sera tout-à-fait bénéfique. Vous verrez l’anesthésiste en consultation quelques semaines avant l’intervention. Il vous donnera les consignes concernant l’ajustement de votre traitement habituel si nécessaire (anticoagulants, antidiabétiques, antihypertenseurs).
La technique chirurgicale consiste à remplacer les surfaces articulaires abîmées. Le chirurgien respecte les parties saines du genou : compartiments non abîmés, ligaments croisés. Il enlève une tranche osseuse sur le tibia et sur le fémur pour remplacer par des implants les zones abîmées (resurfaçage). Les implants peuvent être fixés avec ou sans ciment selon le modèle de prothèse et la qualité de l’os. Entre les implants est placé une pièce en polyéthylène qui sert de surface de glissement. La prothèse partielle permet de combler l’usure du cartilage et de l’os, elle redonne l’axe du membre inférieur tel qu’il était avant l’arthrose. En fin d’intervention, le genou est testé, la plaie est suturée et le patient regagne sa chambre après un passage en salle de surveillance post-interventionnelle. On met d’emblée en place un système de réfrigération automatisée associé à une presso-thérapie séquentielle afin de limiter le gonflement, les saignements et la douleur. Dans certaines situations complexes surtout chez la personne jeune, on peut associer la PUC avec une reconstruction du ligament croisé, un recentrage rotulien ou une prothèse fémoro-patellaire…
Dès le retour en chambre (programme RAC), l’infirmière s’assure que les douleurs sont modérées, elle ôte la perfusion (selon consignes médicales) et vous propose un repas léger idéalement pris au fauteuil. Ceci permet de reprendre des forces afin de pouvoir se lever et marcher dans la chambre dans les meilleurs délais. Le kinésithérapeute vient ensuite vous voir afin de débuter la reprise de la marche avec des aides techniques. L‘objectif à J0 est de se rendre dans la salle de bains seul(e) et éventuellement dans le couloir. L’infirmière vient s’enquérir régulièrement de votre ressenti (douleurs, confort, installation, transit). Le chirurgien passe vous voir en fin d’après-midi. Au bout de quelques heures l’attelle de cryothérapie est remplacée par une vessie de glace, permettant au patient de se mobiliser seul sans difficultés.
Le retour à domicile est possible dès que les douleurs ont régressé et que l’autonomie est suffisante. Cela peut être le soir de l’intervention ou le lendemain. Dans certains cas on privilégiera une courte convalescence en Centre de Soins.
La kinésithérapie est possible à domicile mais pas toujours indispensable, certains patients préférant se rééduquer par eux-mêmes.
Les soins de plaie seront poursuivis jusqu’à ablation des fils/agrafes vers le 12ème jour. Le traitement préventif des phlébites sera poursuivi 30 jours. Les bas de contention ne seront maintenus que si vous avez des facteurs de risque particuliers. La glace localement est vivement recommandée jusqu’à résorption des hématomes.
Les traitements habituels seront repris selon les consignes des anesthésistes (anticoagulants, antidiabétiques, antihypertenseurs).
Les activités dans la vie de tous les jours sont autorisées sans restriction en fonction du ressenti douloureux. Il n’y a pas de précautions particulières à prendre si ce n’est éviter les chutes liées à un dérobement (insuffisance de récupération du muscle quadriceps). Les cannes pourront être abandonnées selon votre ressenti. Vous resterez prudent(e) afin d’éviter les chutes (chaussures, tapis, sols glissants, marches).
Les complications sont peu fréquentes et favorisées par les comorbidités du patient : obésité, diabète, traitements anticoagulants ou immunosuppresseurs, chirurgies précédentes, tabagisme et addictions… On citera de manière non exhaustive : saignements peropératoires, hématomes postopératoires, fissures ou fractures, luxations de l’insert, infections, persistance de douleurs, descellements, problèmes de cicatrisation… Toutes les mesures sont prises avant, pendant et après l’intervention pour réduire au maximum le risque de complications et bien sûr pour les traiter précocement en cas de survenue. La collaboration attentive du patient et de son entourage sont indispensables afin de minimiser au mieux ce risque.
L’objectif est de redonner au patient un genou mobile, stable et non douloureux, lui permettant de reprendre les activités de la vie quotidienne avec le moins de restrictions possibles. Certains facteurs dépendent du patient (durée des symptômes, enraidissements préopératoires, rétractions tendineuses, douleurs associées : rachis), d’autres de particularités locales ou de difficultés techniques.
Globalement l’objectif est de retrouver un périmètre de marche non limité, la pratique aisée des escaliers, s’asseoir et se relever sans difficultés, conduire ou être passager d’un véhicule automobile. Chez les patients jeunes, le projet professionnel est discuté avant l’intervention.
La durée de vie attendue des prothèses de dernière génération est de 15 à 20 ans et n’est pas différente de la durée de vie d’une prothèse totale.
Certaines précautions seront à prendre concernant les activités avec forts impacts ou à risque élevé de chute.
Certains sports loisir pourront être repris sans restrictions particulières (marche, randonnée, piscine, vélo, golf, ski de fond, gymnastique douce, yoga, etc…). D’autre seront à évaluer avec le chirurgien. On attendra souvent 3 mois avant la reprise du sport.
La PUC nécessite un suivi régulier : un contrôle chez le chirurgien à la sixième semaine et au troisième mois puis une radiographie simple tous les 2 ou 3 ans. Au moindre problème, consulter le chirurgien sans tarder. On sera particulièrement attentif à la prothèse en cas d’infection sévère avec fièvre, quelle que soit sa localisation. L’apparition d’une douleur ou d’une modification de la cicatrice (rougeur, écoulement) même à distance de l’intervention, justifiera une consultation rapide chez le chirurgien.